Recueil n° 4 – 2015 97
COUPLE DE ROSES AVEC ENFANT
(116 x 81 cm - acrylique sur toile)
se présente comme un jeu de cercles dans lequel l’homme enlace la femme. Au centre du tableau, un deuxième cercle se forme
dans lequel est compris l’enfant qui les unit. Ce second cercle est intéressant, car une fois encore, il interpelle la symbolique.
Campé en position fœtale, l’enfant est à la fois au sein et à l’extérieur de sa mère. Ce second cercle, dont la forme rappelle celle
de l’œuf, est le cercle de la Vie. Le corps de l’enfant saisissant les bras du couple, est traité en bleu clair, tirant vaguement sur le
gris. Il rejoint le teint du cou de sa mère. Cette vision diaphane lui assure, à la fois, une existence en tant que sujet mais aussi
une « immatérialité présente », en ce sens que, blotti sur (ou dans le ventre de) sa mère, il devient, sinon un signe du présent, du
moins un gage du futur. Cette forme d’« d’échographie » laisse le visiteur interrogatif sur le fait de savoir s’il est né ou s’il est à
naître. Le chromatisme de cette œuvre rappelle fortement celui de
ROSE URBAINE
(cité plus haut) dans lequel les couleurs
composant le tableau sont « absorbées » par les vêtements portés par le couple, en tant que résumé d’une palette se retrouvant
dans tout ce qui compose chaque élément spatial (bleu en dégradés, vert en dégradés, noir).
À quel besoin irrépressible obéit JIDEKA pour composer ses œuvres ? À cette question, elle répond : « à l’amour pour les gens
ainsi que pour les sujets d’actualité et au sentiment ».
Bref, à tout ce que vous pouvez voir à l’image en tant que témoin de l’empathie pour le genre humain et son environnement. Il est
également intéressant de remarquer que là où le visiteur pourrait voir une symbolique liée aux couleurs, l’artiste invoque à la fois
le hasard (si tant est qu’il existe !) mais surtout le fait qu’elle soit née coloriste. Bien entendu, nous portons tous en nous notre
mythologie personnelle laquelle n’est jamais immunisée contre un langage empreint d’images qui nous ramène à notre for
intérieur, bouillonnant d’un imaginaire éduqué par la culture, c'est-à-dire par la société. Le corps de la Rose se baignant, associé
à celui des Roses à la recherche d’eau, sont susceptibles d’évoquer pour nous (et à fort juste raison) des « corps malades ».
Néanmoins, l’artiste ne dédaigne pas s’attaquer à des corps adipeux car elle les trouve dignes d’intérêt plastique. Ce qui en
résulte, c’est notre capacité à les traduire selon nos propres codes.
L’artiste a fréquenté les Beaux-Arts, en se spécialisant dans le dessin publicitaire. Sa formation académique se remarque
particulièrement dans des détails, lesquels passeraient absolument inaperçus, si l’on ne s’y arrêtait pas pour les observer
attentivement. À titre d’exemple, la posture prise par le personnage féminin de
ROSE URBAINE
(cité plus haut) comporte un
détail prouvant sa connaissance académique du rendu anatomique. Si l’on centre le regard sur l’épaule gauche du personnage (à
droite par rapport au visiteur), on remarquera une légère surélévation de celle-ci, en comparaison à celle de droite. Ceci dans le
but d’apporter une légère torsion du buste par rapport au statisme du rendu physique. Bien évidemment, la question que vous
vous poserez tous est celle de savoir d’où lui vient cette passion pour les roses. Il y a deux ans, «
Le Congrès International de
la Rose
» fut organisé à Lyon. L’on contacta les écoles de peintures pour organiser des séances de travail autour de cette fleur.
Habituée à traiter la figure humaine, l’artiste fut mise au défi d’aborder plastiquement l’image de la rose. Elle releva le défi et
depuis lors, elle associe les deux images dans une même incarnation. S’agit-il d’un personnage « hybride » dans le sens
générique du terme ? Non, car chacune de ses attitudes est coordonnée par un langage humain destiné à trouver une unité
harmonique avec le Tout. Cette unité harmonique se retrouve également dans la douceur qu’elle accorde à l’espace urbain dans
le même tableau et l’on se rend compte que le personnage féminin assure le rôle de trait d’union écologique entre plusieurs
espaces.