Recueil n° 4 – 2015 95
nous pouvons carrément parler d’« expression ». Penchée vers l’avant, la Rose épouse la courbure du buste du musicien dans
son prolongement vers le clavier dans une attitude de recueillement mystique. Un parterre de roses, à l’avant-plan, fait office de
public.
Il s’installe, dans l’œuvre de l’artiste, un rapport entre signifiant et signifié, exprimé tant par le dessin que par la couleur, laquelle
est principalement conçue de notes tendres, telles que le bleu, le vert, le rose ou le jaune foncé.
ROSE AU BAIN
(30 x 30 cm - acrylique sur toile).
Une question, secondaire pour l’artiste mais importante pour le visiteur au contact de cette œuvre, serait de se demander ce qui,
en dernière analyse, importe le plus. Est-ce la conception du corps ou celle de la Rose ? Ne perdons pas de vue que ce qui
motive l’artiste c’est d’associer beauté et banalité du quotidien. Ici, la sensualité de la fleur entre en contraste (pour ne pas dire
s’entrechoque) avec la routine de tous les jours que notre société a érigée en credo. Le contraste entre la Rose dans son
épanouissement et la plastique flasque et adipeuse du corps de la baigneuse est ici flagrant. Faut-il y voir une dimension
rédemptrice de la fleur destinée à « sauver » le corps dont la forme charnue exprimerait la matérialité routinière ? La position du
bras (levé vers le haut) est également très intéressante car elle rejoint, d’une autre façon, le geste désespéré des
ROSES
ASSOIFFÉES
(80 x 80 cm - acrylique sur toile)