Page 56 - Tome n°1 Imprimeur

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Recueil n° 1 – 2012 50
Dans l’ensemble des œuvres à dominante bleue, le mouvement surgit comme un sursaut de l’âme, en ce sens
qu’il survient comme un remous violent.
En cela, la notion de mouvement exprimée de telle façon renvoie à l’identité même de l’image : un abîme
incertain enfoui au tréfonds de notre psyché qui se manifeste au contact d’un choc engageant tous nos sens et
que nous interprétons dans des tons célestes ou marins. (153 x 204 cm - 2012)
Tout ce que la nature nous offre et que notre for intérieur ne cesse d’interpréter comme les épiphanies d’un divin
ancestral.
Comme le titre de l’exposition l’indique, celle-ci se termine avec une vidéo conçue et tournée par l’artiste. Elle
s’intitule
À CONTRE –TEMPS
.
Il s’agit d’une œuvre réalisée partiellement en pellicule 16 mm, transposée et terminée en bande vidéo. Deux
projecteurs diffusent sur deux écrans opposés, le même film projeté en décalage d’une minute, l’un par rapport à
l’autre. Entre les écrans, le portrait d’une jeune fille exécuté au pinceau avec poudre de graphite tenue à l’aide
d’un médium, trône en guise de référent. Car le personnage du film c’est elle. On la voit petite courir le long
d’une voie ferrée vers la caméra, une fois en vitesse normale, ensuite au ralenti. A la suite de quoi, on la voit
adolescente pour la retrouver, assise près d’un projecteur en marche, en tant que spectatrice de sa propre
évolution. En guise de fin, un fondu enchaîné avec double exposition réunit dans un même plan le personnage
filmé dans les trois époques et pour conjurer une fin éventuelle, le film est remonté en marche arrière comme
pour affirmer l’existence d’un éternel retour.
L’audace de ce film consiste à le diffuser en différant l’action d’une minute entre les deux projections. Cela peut
sembler insignifiant pour le profane, néanmoins, soixante secondes de distance entre les plans, et arriver à
harmoniser tout ça, c’est considérable !