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Recueil n° 1 – 2012 5
traits, à peine esquissés, tracés à égale distance, comme pour signifier l’évanescence de toute chose. Et cette
expression hautement poétique et philosophique de l’existence se réalise, ne l’oublions jamais, dans l’urgence
vitale du moment, pris en tenailles entre le geste et la vitesse.
Les textes traduits repris dans la Galerie ont tous été écrits par des femmes. Ils expriment, en filigrane, la
situation sociologique de la femme coréenne, caractérisée par l’illettrisme et l’infériorité sociale dans laquelle
cette dernière était plongée dans le passé.
Mais le souvenir peut être également le moteur créatif de SOUNYA PLANES :
La chemise rose
en popeline de maman
sentait la houppe à poudre
enfoncée la tête dans sa poitrine
j’y frôlais ma joue
Les petites belles-de-nuit blanches
riaient aux éclats
sur sa chemise rose
en popeline
(SOUNYA PLANES)
Ce texte trouve son origine dans un souvenir d’enfance. De la sensualité du contact entre la peau de sa mère et
la sienne. De la douceur qui en a résulté et qui revit dans la chair de la mémoire. Cette douceur et sensualité se
retrouvent exprimées dans
TRACE 61
(13 x 34 cm).
Texte et peinture naissent indépendamment l’un de l’autre. L’un étant une création sans aucun rapport avec
l’autre, sinon dans l’interprétation personnelle d’un souvenir.
Jamais l’artiste ne se livre à l’ « illustration » d’un texte ou vice versa car peinture et poésie sont, par essence,
indépendante et l’une ne saurait en aucune façon servir de « signifié » à l’autre.
SOUNYA PLANES n’a jamais fréquenté les Beaux-Arts. Son père, lui-même peintre, fut son mentor. Ce dernier
lui inculqua, entre autre, l’amour pour la tradition picturale cultivée exprimée par l’importance de la calligraphie
ancienne de son pays d’origine.
Cela se constate (comme nous l’avons mentionné plus haut) dans l’utilisation qu’elle fait de l’encre de Chine,
laquelle par l’importance de la trace laissée par le pinceau, confère à la composition l’élégance voulue par le
jaillissement d’effets aussi différents que magiques. L’artiste confesse aussi son attirance irrépressible pour