Recueil n° 5 – 2016 19
est une œuvre dont la caractéristique est celle d’associer dans un hybridisme décapant, des vestiges humains épars avec, à
l’avant-plan, l’esquisse d’une façade. Cette disposition architecturale se retrouve également (quoiqu’exprimée différemment) dans
PENSÉES FAKIRIENNES
(mentionné plus haut), en ce sens qu’il y a déjà dans cette œuvre une dimension « portante » (le
visage féminin du dessous « supportant » celui d’en haut).
La géométrie fait d’ailleurs partie intégrante de l’œuvre de l’artiste. Ces espaces fluides dans lesquels sont composés les visages
rencontrent toujours l’élément géométrique comme une sorte de répondant antithétique, traduisant l’intérêt que l’artiste éprouve
pour l’architecture.
Dans
TEMPÊTE SOUS LE CRÂNE
, la fonction architecturale portante est soulignée, notamment, par la présence de murs. Cet
hybridisme, extrêmement original pour notre époque, n’est pas sans rappeler (toutes proportions gardées !) les créatures
mythologiques de l’antiquité classique et proche-orientale, telles que le «
centaure
», association entre l’homme et le cheval en
un tout harmonieux. Il y avait alors le désir de traduire plastiquement une symbiose, non seulement mythique mais aussi
économique, dans la domestication du cheval par l’homme, d’où cette unité morphologique entre ces deux créatures. Ici, nous
pourrions nous risquer à prendre en considération le titre du dessin pour associer mystiquement la maison qui est l’habitat de
l’homme avec le crâne lequel est l’habitat de la pensée ainsi que le donjon du rêve. Remarquons que le crâne se termine par le
téton d’un sein, ce qui en dit long sur l’impact de la pensée féminine dans la construction de l’Homme.
CATHERINE FÉCOURT est une dessinatrice autodidacte qui crée depuis des années sous l’impulsion de l’
écriture
automatique
, à la manière des surréalistes. Influencée, notamment, par la bande dessinée, elle aime apporter un côté
androgyne à ses personnages spécifiquement féminins dans leur consistance émotive. Ceci pour affirmer sa croyance en l’égalité
des sexes. Cette tempête qui bouleverse l’intérieur du crâne n’est autre que la puissance créatrice qui anime tout artiste. Elle
souffle sur le chemin du visiteur qui, par le regard, s’immerge dans ses œuvres. Car ce n’est que par le regard parcourant ces
dessins que le visiteur s’abreuve au rêve de l’artiste pour atteindre son propre rêve.
Arts
Lettres
Collection "Belles signatures" (© 2016, Robert Paul)