Recueil n° 1 – 2012 77
FRANÇOISE MARQUET : ENTRE MUSIQUE ET LÉGENDE
Lorsque l’on s’entretient avec Mademoiselle
FRANÇOISE MARQUET
, la première chose qui saute aux yeux,
c’est la passion qu’elle vit en parlant de l’instrument musical qui la définit devant l’Eternel, à savoir la harpe !
Pourquoi la harpe ? Parce que cet instrument la plonge dans un univers duquel elle ne peut humainement se
détacher, celui de la culture celtique et de sa symbolique, extrêmement vivante et magique, ancrée dans cette
époque aussi fascinante que globalement méconnue, tant elle souffre toujours de préjugés, qu’est le Moyen Âge.
Cette magie, nous la retrouvons à chaque fois que nous poussons la porte de
l’ESPACE ART GALLERY
(Rue
Lesbroussart, 35 à 1050 Bruxelles) pour assister à une soirée de vernissage. Assise dans son petit coin qu’elle
affectionne, elle est à la fois discrète et présente. Discrète, elle l’est par son naturel sans fards. Présente, elle l’est
par le timbre vif des cordes de son instrument qui embaume la salle de son écho vibrant.
Lorsque nous l’avions mentionnée pour la première fois, à propos de l’exposition axée sur les œuvres des
ARTISTES ET SYMPATHISANTS DE LA
LIGUE DES INSUFFISANTS RENAUX
, dont le vernissage eut lieu le
22-02-12, nous l’avions présentée en tant qu’harpiste « bretonne ». Ce qui, aux dires de l’intéressée, l’avait fort
amusée. En fait, il n’en est rien.
FRANÇOISE MARQUET est Wallonne jusqu’au bout des doigts ! Native de Malmedy, elle a étudié la harpe
celtique pendant quatre ans. Néanmoins, la Bretagne, qu’elle connaît bien et qu’elle adore, ainsi que l’univers
celtique, ont fait d’elle une Bretonne d’adoption.
Qu’est-ce qui définit concrètement sa « celtitude » ? Toute une panoplie d’éléments, tels que la magie des
légendes, du chant ainsi que de l’oralité qui se concrétise par la transmission. Et c’est précisément cette
transmission qui est déterminante, si l’on considère que notre harpiste ne se limite pas à pincer les cordes de son
instrument, mais aussi à transmettre oralement par le biais du théâtre, car FRANÇOISE MARQUET est
également comédienne et chanteuse.
Elle a, dans un premier temps, commencé à étudier la grande harpe pour se familiariser avec la technique, mais
elle a ensuite préféré se tourner vers la harpe celtique, car la qualité du son l’interpellait davantage. Les harpes
médiévales et baroques lui sont également familières.
L’artiste est sensible, entre autres à la beauté plastique de cet instrument ainsi qu’au rendu cristallin du son qu’il
émane et qui invite à la joie. Elle n’en finit pas de l’explorer en poursuivant sa formation de harpiste.
La question qui l’anime avant toute interprétation est la suivante : comment faire passer une émotion à travers
l’instrument de musique ?
Le cœur, bien sûr, est l’élément majeur à cette transmission ainsi que les doigts de l’interprète. Mais le tout est de
savoir avec quel état d’ouverture jouer pour transmettre le potentiel émotionnel d’une œuvre.
FRANÇOISE MARQUET répond à cette question en replaçant, d’emblée, l’œuvre à interpréter dans le contexte
psycho-historique de sa création pour permettre à l’imaginaire d’effectuer un voyage, à la fois dans le temps
historique de l’œuvre créée, mais également dans le temps intemporel de l’auditeur qui s’en imprègne. La
comédienne-musicienne va encore plus loin. À supposer que l’on ne sache rien à propos d’une œuvre, elle
n’hésite pas à lui créer un contexte de toutes pièces, afin de la faire voyager aux confins de l’imaginaire, avant de
lui donner vie devant un public. De même que si, à partir d’une mélodie connue, transmise oralement, il n’existe
aucune partition fiable (ou pas de partition du tout), elle la retranscrit sur le pentagramme, par l’exercice d’une
réécriture soignée. Car l’artiste compose également.
Comme nous l’avons précisé plus haut, FRANÇOISE MARQUET est également comédienne et chanteuse.
Elle a étudié le Théâtre classique au Conservatoire de Mons pendant un an et quelques mois sans avoir terminé
son cursus ainsi que le chant lyrique pour explorer le travail de la voix. Elle a également fréquenté l’école
PARALLAX
, à Bruxelles, en suivant une année de Cinéma. Ensuite, elle s’est familiarisée avec l’art de la
pantomime en étudiant les nombreuses facettes du clown pour se consacrer au théâtre des rues.
FRANÇOISE MARQUET a toujours été fascinée par le mythe de la quête du héros. Cela est dû en partie à
l’atmosphère celtique dans laquelle elle baigne mais aussi parce qu’elle rend au mot « acteur » son étymologie la
plus noble : celle d’être le moteur à la fois d’une œuvre scénique mais également de sa propre vie.