Recueil n° 5 – 2016 14
la forme émerge de la découpe. Le cisaillement de la matière à la petite scie fait office de ligne. Cette même ligne cisaillée se
retrouve, notamment, dans la conception de la chevelure, élaborée à partir de la gauche de la sculpture (à droite par rapport au
visiteur), laquelle passe au-dessus de sa tête pour se perdre dans une sorte de labyrinthe, vers la droite de la pièce (à gauche
par rapport au visiteur).
Tout dans cette œuvre est une question de courbes : la tête, les seins proéminents, le ventre dont la légère protubérance indique
la gestation et les cuisses, lesquelles, ressortant dans l’espace, renouent avec la cosmicité des Vénus préhistoriques. L’artiste
est, en réalité, un sculpteur qui peint, en transposant une vitalité trouvée dans la dureté de la matière vers la fluidité de la toile. Il
maîtrise parfaitement la taille de pièces de toutes les dimensions.
VICTOR BARROS qui réside à Bruxelles, a commencé à créer dans son Équateur natal, à 23 ans. Son œuvre est une
contribution au développement des cultures mésoaméricaines actuelles. Plusieurs étapes structurent son parcours créateur,
notamment la gravure, laquelle correspond à ce qu’il nomme son « époque polonaise », datant (comme nous l’avons mentionné
plus haut) de 1972, contribuant à exprimer la souffrance de la guerre. Ensuite, il s’est dirigé vers le style qui le caractérise
aujourd’hui. Il a reçu une formation classique en Équateur, à l’Académie des Beaux-Arts de Guayaquil, dans les années 60.
Ce n’est pas un hasard si l’exposition visant à faire connaître cet artiste s’intitule
VIBRATIONS COSMIQUES
. Cette cosmicité se
rencontre à chaque coin de son œuvre. Chaque explosion chromatique, chaque trait soulignant la ligne directrice de la forme est
une nervure amplifiant la dynamique de ces vibrations, lesquelles répercutent leur écho dans l’espace ancestral du Sacré.
Arts
Lettres
Collection "Belles signatures" (© 2016, Robert Paul)