Page 217 - Tome 4

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Recueil n° 5 – 2016 3
Cette même sensualité de la ligne se retrouve, notamment, dans
FEMME BLEUE
(80 x 60 cm - huile gravée sur bois),
où la ligne ondule sur elle-même. Comme dans toute création, la mythologie – qu’elle soit personnelle à l’artiste ou celle
véhiculée par la culture – se retrouve cachée derrière le symbole, non directement révélée à la conscience du visiteur. Le titre de
ce tableau peut induire en erreur, en ce sens que le
bleu
ne sert que de support à l’allégorie de la Femme. À la question : « le
bleu est-il pour vous la couleur de la Femme ? », l’artiste répond par un « non ! » catégorique. Car pour lui, le bleu reste une
couleur trop « froide » pour être associée au langage de la passion incarné par la Femme. Par contre, à l’analyse des lignes
ondulantes incarnant la sensualité féminine, quelque chose interpelle le regard. Entre les lignes s’insinuent des stylisations
géométriques. Cela est dû au fait que l’artiste a beaucoup voyagé. Lors de ses périples, il a côtoyé
l’art des Aborigènes
d’Australie
. L’art millénaire australien a, depuis ses origines, parlé du «
Temps des rêves
», époque idéalisée que nous
retrouvons, d’ailleurs, dans toutes les cultures, sous la forme de l’«
Âge d’or
», mettant en exergue l’«
âge cosmologique
» où
régnait le terrain fertile des origines, proche d‘une perfection primitive. Les Aborigènes australiens ont exprimé cette époque
mythique, notamment, dans l’art pariétal, en illustrant le monde des esprits «
Mimis
», monde duquel s’est inspiré l’artiste. Les
stylisations blanches que l’on retrouve à l’intérieur des lignes ondulées épousent l’arrière-plan de la toile, lequel présente, à son
tour, des ondulations de tailles différentes, dominées par le bleu, en dégradés, alternant avec des notes noires et vertes.