Recueil n° 5 – 2016 80
et
ORIGINE 6
(29 x 29 cm - huile sur toile),
sont une invitation vers une possibilité d’abstraction, au-delà de la sphère magico-religieuse. Ils témoignent, chez l’artiste, de la
volonté d’accorder la possibilité d’une passerelle entre le langage primitif et l’univers pulsionnel, tous deux unis dans l’acte
créateur.
L’œuvre de CHRISTINE BRY est-elle une actualisation de l’art pariétal préhistorique ? Certainement, dans la mesure où, comme
nous le précisions plus haut, il était grand temps que l’art contemporain s’intéressât à cette vision de la nature avec, en filigrane,
une vision de la société, à la fois préhistorique et contemporaine. Mais, à ce stade, soulignons un détail qui a son importance, à
savoir une relecture anthropologique de la définition même de la « Préhistoire ». Depuis des années, le monde scientifique
conteste cette notion selon laquelle cette définition se détermine sur l’invention de l’écriture comme ligne de démarcation entre la
« Pré » et l’« Histoire ». La démarche artistique peut servir de déclencheur en vue d’une disparition définitive de cette dichotomie
absurde. En ce sens que l’art pariétal, mis en valeur par l’écriture picturale contemporaine, peut définir le trait sur la paroi comme
le « signe » animé d’une écriture à venir. Une « proto-écriture » universelle, à la base de l’identité de l’Homme et de son devenir,
indissocié du Monde. C'est-à-dire un produit agissant de l’Histoire.
Par l’espace abstrait retrouvé, elle pose une interrogation à l’Homme contemporain par le biais d’une vision du Monde afin de
retrouver l’Homme conceptuel élémentaire.
Il y a approximativement vingt ans, l’artiste fut saisie par une émotion irrépressible à la vue des peintures
pariétales de Lascaux
.
Elle éprouva le sentiment de se trouver dans un lieu saint qu’elle compara au sentiment d’être confrontée aux
fresques de la
Sixtine. Est-ce une coïncidence ? Néanmoins, bien des historiens de l’Art ont comparé par le passé les œuvres de Lascaux à
celles de la Sixtine. Il s’agit, avant tout d’un sentiment d’envahissement.
D’une sensation, à la limite physique, d’être à la place d’un néophyte du Paléolithique sur le point d’entrer en contact avec
l’indicible pour l’exprimer avec ses moyens humains. Ce qui émut l’artiste au plus haut point fut cette harmonie d’ensemble,
consubstantielle à la structure naturelle de la grotte, interprétée comme une architecture.