Recueil n° 3 – 2014 76
Ce même corps est mis en relief par la matière, présentée ici comme une sorte de miracle réclamant sans cesse
l’intervention du regard pour découvrir la forme cachée sous l’ombre. Contrairement à ce que d’aucuns pourraient
imaginer, cette matière ne réclame jamais l’intervention technique du couteau : tout est réalisé au pinceau. L’on
demeure abasourdi par cet amalgame pâteux, prenant à certains moments l’aspect d’une lave encore chaude
mais qui déjà se fond au chromatisme et au dessin, révélant par là même, la matérialité spatiale de l’anatomie,
non comme un corps perdu dans le néant mais retrouvé dans son humanité.
L’artiste alterne entre compositions de grand format et miniatures.
La miniature le rend plus libre dans le geste. Non pas que le résultat se réduise à l’esquisse, car les poses
adoptées par les personnages sont les mêmes que celles figurant sur les grands formats, mais parce qu’une
miniature lui offre l’opportunité d’exprimer quelque liberté dans la conception du dessin, que ne le ferait le grand
format, lequel « ne pardonne » aucune incartade, notamment dans le rendu des mains.
PEINTURE 3
(18 x 24 cm - huile sur toile)
présente un jeu que l’on pourrait qualifier d « expressionniste » dans la représentation des mains et du pied, tous
deux campés à chaque extrémité du corps, « divisant » ce dernier en une diagonale accentuée par la position du
corps de la femme.
Notons que, comme à son habitude, l’artiste associe chaque « étape » de la réalisation anatomique à une zone
chromatique différente : les mains (à l’avant du corps) sont irradiées de lumière, tandis que le pied (à l’arrière du
corps et à l’avant-plan par rapport au visiteur) est plongé dans une zone d’ombre.
Sans doute est-il vrai de dire que si «
expressionnisme
» il y a dans son œuvre, il se situe dans le langage des
mains : main du Christ irradiant Marie-Madeleine, l’index levé du père de l’artiste, geste d’adoration de Marie au
pied de la croix (
INRI)
. Pose de la main du modèle sur le coussin (
POSE ACADÉMIE)
. Atmosphère joyeuse de la
farandole d’Europe enlevée par Zeus (
EUROPE D’ATOMIUM
). Geste de la main agrippée à la toile du peintre
face à son modèle (
PEINTRE- PEINTURE
).
Il n’y a que dans
INVITATION
et
ANTHROPOMORPHE
que les mains disparaissent derrière le corps de la
femme (
ANTHROPOMORPHE
) soit sous sa chevelure (
INVITATION
), laissant le visiteur dans une interrogation
rêveuse. Néanmoins, ne perdons jamais de vue que ce corps mis en exergue dans l’espace se conjugue avec
toute une symbolique intérieure, laquelle s’articule dans une codification :
corps
et
code
au service de l’Art.
LEONARD PERVIZI, qui a adopté la technique à l’huile, peint depuis l’âge de treize ans. Il a étudié à
l’Académie
des Beaux-Arts de Bruxelles
. Depuis des années, il participe à de nombreuses expositions (en Italie, au
Palazzo Comunale (Assise) - 2013, en France au Grand Palais - Salon des Indépendants (Paris) - 2011-2012, à
nouveau en Italie à la Galeria d’Arte Stefano Forni (Bologne) - 2005 - 2006, entre autres), toujours à la recherche
constante d’une communion avec les maîtres de la peinture occidentale.