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Recueil n° 3 – 2014 51
STEPHAN GENTET : VOYAGE ENTRE LE MASQUE ET LE VISAGE
Dans le cadre d’une collaboration avec
CANCER & PSYCHOLOGIE ASBL
BRUXELLES
, l’
ESPACE ART
GALLERY
(Rue Lesbroussart, 35 à 1050 Bruxelles) a le plaisir de vous présenter, du 10-09 au 28-09-14, l’œuvre
du plasticien français
STEPHAN GENTET
, intitulée
IMPRESSIONS SUR TOILES NUMEROTÉES
.
L’œuvre de Monsieur STEPHAN GENTET a de quoi désarçonner le visiteur, tant par la force qu’elle émane que
par l’élaboration, sensible et intelligente, de la thématique qu’il aborde, à savoir une investigation tout intérieure
du
visage humain
.
Il s’agit, en fait, d’une communion mystique entre le
masque
et le
visage
.
Le sujet sur la toile évoque, notamment, l’élaboration des
têtes maoris
ainsi que le masque africain, sur lequel se
dynamise le mouvement par des variations chromatiques sous forme de lignes torsadées, lesquelles « circulent »
sur l’ensemble du faciès. Ces lignes, tout en déformant volontairement les traits, affirment la psychologie du
masque, manifestant par là même, la nature intime de la « persona » de celui qui le porte et que, bien sûr, nous
ne voyons pas.
Si le volume de la tête demeure identique, l’expression du visage change constamment par la finesse du
traitement numérique, car l’artiste s’exprime principalement par cette technique. Ce qui fait que l’œuvre évite
précisément le piège du motif répété jusqu’à la lassitude. Chaque masque porte en lui la nature de sa propre
existence, par toute une série de signes identitaires qui lui confèrent, à chaque fois, une singulière spécificité.
Ces masques-visages sont tous burinés, labourés par des traits rappelant, notamment, les scarifications
ethniques des sociétés traditionnelles africaines. Le résultat fait que chaque œuvre est différente de l’autre. Que
ce soit par une série de pointillés étalés sur le visage ou par l’élaboration d’un réseau de sillons, l’expression du
masque se divise, globalement, en trois catégories : l
e masque souriant – le masque triste – le masque
impassible
.
Le masque souriant associé au masque triste se retrouve parfaitement exprimé dans l’art grec, lequel par cette
dualité, affirme l’antagonisme constitutif de la psyché humaine. Le comique indissociable du tragique vers un
destin commun : la naissance du mythe, ciment de la conscience.
Le masque impassible accuse l’absence de passion. Le traitement numérique est là pour appuyer ces trois
attitudes. La fonction de l’œil humain émergeant des orifices du masque est également primordiale. À l’instar du
sourire, trois attitudes alternent dans le rendu du faciès : l’œil clignotant – les yeux fermés – les yeux ouverts.
Y a-t-il une symbolique occulte derrière ces sillons lumineux ou est-ce simplement la fantaisie de l’artiste qui
s’exprime sur un fond totalement noir ?
Aucune symbolique ne vient structurer ce récit de lumières et de couleurs. STEPHAN GENTET aborde par cette
écriture un style lourd de conséquences parce qu’il dévoile chaque facette de son être : l’
autoportrait
.
Comme le soutenait si justement
GERMAIN BAZIN
, l’autoportrait est un pas capital dans l’Histoire de l’Art car il
sanctionne la manifestation périodique des états de la conscience. Plusieurs peintres ont excellé dans
l’autoportrait mais deux d’entre eux l’on porté à son zénith, à savoir
REMBRANDT
et
VAN GOGH
.
Le miroir permet au peintre de s’abandonner à une phase introspective et réflexive dans l’action de se voir tout en
se regardant. Cette symbiose entre le masque et le visage dont les yeux exorbités percent l’âme de l’artiste,
exprime une étape de la conscience à chaque toile que croise le regard du visiteur. Mais ici, l’autoportrait va, si
l’on peut dire, au-delà de la simple expression plastique de la conscience. Il s’agit, selon les mots de l’auteur,
d’une « manifestation d’autodéfense », car en 2008, les premiers symptômes de la maladie de Parkinson
commencèrent à se manifester et en 2011, il commença à peindre.
À
se
peindre, alliant
autoportrait
avec
autodéfense
.
Par son autoportrait,
REMBRANDT
signale des étapes périodiques d’états d’être associés aux événements de sa
vie, sans pour autant les enjoliver ou intervenir de quelque manière sur leur déroulement. Ces autoportraits sont
des
constats
.