Recueil n° 2 – 2013 5
Un contraste intéressant s’établit entre la zone médiane du tableau, illuminée, comprise entre deux zones
dominées par le noir de la nuit (le ciel nocturne et l’eau du canal).
Nous retrouvons toujours cette conception scénique de l’œuvre picturale, campée entre différents plans, laissant
deviner des points de fuite.
Il est impressionnant de constater qu’à l’exception de trois tableaux, toutes les œuvres de cet excellent artiste,
exposées à l’ESPACE ART GALLERY, datent de l’année dernière. Ce paysagiste, coté « Drouot », préfère, pour
des raisons de meilleure lisibilité, l’utilisation de l’huile.
L’origine de sa démarche est à chercher, notamment, dans l’œuvre cinématographique du metteur en scène
danois
LARS VON TRIER
(particulièrement dans la dialectique qu’offre son film
DOGVILLE
) où l’être humain,
existant, se voit mis à l’écart, puis abandonné, voire sacrifié par la société. La nature, c’est l’âme dans la
souffrance de l’abandon et les endroits sauvages deviennent une image de l’intemporalité (le biotope inviolé),
prise comme démarche politique de la nature. Un autre artiste, extrêmement présent dans la quête intellectuelle
du peintre, est le compositeur russe
SCRIABINE
qui (à l’instar de
MOUSSORGSKY
) désirait hardiment
incorporer les éléments dans sa musique. Le parfum de l’herbe fraîche devrait, selon l’artiste, se dégager à la vue
d’une scène champêtre. Car le tableau avec la peinture qui le recouvre participent déjà de la nature. Et cette
nature, dans son expression la plus organique, vient se loger au cœur de l’émotion.
DIMITRI SINYAVSKY a touché un peu à tout dans le domaine de l’Art. Il a notamment tâté de la vidéo lorsqu’il
était encore en Russie. Arrivé en France, il a été fortement encouragé par le peintre
SERGUEI TOUTOUNOV
à
s’engager dans la voie de la peinture. Passer devant son œuvre picturale est un acte d’une immense
responsabilité, car l’on passe devant une myriade de scènes analogues. Or, chaque scène est le témoin d’une
émotion particulière interprétée de façon différente. Ce qui, une fois encore, tend à prouver qu’une œuvre d’art
(quelle que soit sa nature) ne se regarde pas : elle se
lit
!
François L. Speranza.
Arts
Lettres