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Recueil n° 1 – 2012 14
La seconde série de tableaux peints par MICHEL MARINUS est centrée sur le thème de la photographie
ancienne que le temps a voilée. Une série de compositions dont il manque des morceaux. Ces morceaux sont
ceux d’un puzzle qui se désagrège sur sa périphérie mais dont le centre est occupé par l’image f loue, néanmoins
vivante, ne fût-ce que par l’intemporalité de l’amour qui unit le couple portraituré sur le
TABLEAU N° 15
(61 x 61
cm), le faisant triompher de la mort et du temps.
Nous assistons ici à la superposition de la peinture sur la photographie dans le but, peut-être absurde, de
retrouver, en quelque sorte, l’origine même de celle-ci, en recréant la patine temporelle propre au daguerréotype
ou à la photo d’ « époque » cloîtrée dans le vieil album que nous ne sortons jamais de peur de l’abîmer.
L’humain confronté au passé magnifié par la beauté qu’il exhale. C’est essentiellement cela qui teint lieu de
ciment aux œuvres créées.
Comment décrire le temps qui passe ? Faut-il laisser flétrir l’ « autel », l’abandonner à sa propre finitude ? Faut-il
que l’Art le recouvre d’une poussière toute romantique ? Temps et Art peuvent-ils chanter à l’unisson ? Ils le
peuvent, néanmoins, l’un ne sera jamais au diapason avec l’autre, comme les aiguilles de la montre sous le coup
de midi. Ils ne peuvent être qu’en décalage car le rôle vital de l’Art est celui de saisir le temps au moment où le
pinceau amorce le geste et le restitue sur la toile de l’intemporalité. C’est en cela que le couple, pris dans l’instant
de l’amour sur la toile défunte, ressuscite à la vie.
MICHEL MARINUS est professeur de morale au Lycée Charles Janssens, à Ixelles. Il a fréquenté les Beaux-Arts
de Bruxelles.
François L. Speranza.
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