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Recueil n° 1 – 2012 10
Cette exploration du visage féminin, porte en elle la célébration de la Femme, non pas en tant qu’ « objet »
comme il est (hélas !) fréquent de le constater aujourd’hui mais comme « sujet », par lequel l’artiste s’interroge
sur la magie de son mystère. L’intensité de son regard, les variations chromatiques qui soulignent son visage,
l’esquisse d’un balbutiement sur ses lèvres et surtout l’arc-en-ciel chatoyant de sa chevelure en bataille, lui
confèrent une sonorité hautement jazzistique dans la force du « staccato » ponctuant chacun des traits essentiels
à la vie.
Son visage est compris entre le blanc immaculé de sa chemise, le feu vivifiant de ses cheveux et le fond rouge
vif, formant un véritable « contre-point », indispensable à l’idée du mouvement.
Que ce soit dans l’évocation du jazz ou de celle de la Femme, l’artiste a voulu exprimer l’idée du son syncopé –
jazzistique – par l’approche picturale. En cela, il rejoint, par un chemin et un style personnels, HENRI MATISSE
qui vers la fin de sa vie a voué son interrogation finale à la manière de représenter le son spécifique au jazz dans
chacun de ses segments – de ses mouvements – sur la toile.
Bien que CHRISTIAN VEY n’ait jamais fréquenté les Beaux-Arts, il s’était orienté dans sa jeunesse vers le dessin
industriel. Ayant remarqué ses fortes dispositions, son professeur lui conseilla de se diriger vers le dessin
artistique. Son « coup de foudre », comme il le dit lui-même avec la peinture lui vint lorsque, poussant la porte
d’une galerie d’art, il fut, au contact des œuvres, submergé par une intense émotion. Ayant ressenti cela comme
un appel, il affronta, en autodidacte le chevalet, et face à la toile vierge, il jeta pour la première fois ses taches de
couleurs. Il y eut des ratages. Il y eut des réussites. Néanmoins, les formes créées sur la toile lui prouvèrent sa
valeur en tant qu’artiste.
Né à Saint-Etienne, dans le Nord de la France, sa première approche avec la couleur s’est, dans un premier
temps, limitée au noir et au blanc, issus de la grisaille de la région industrielle. Le restant de sa palette, il l’a
conquis une fois installé dans l’ambiance chaleureuse d’Uzès, dans le Sud, comme en témoignent les hautes
notes rouges, jaunes et vertes qui parsèment ses compositions. Il pense la création dans un rapport agonistique.
Cela n’est point étrange, étant donné qu’il a pendant des années pratiqué le judo en professionnel. Mais qu’on ne
s’y trompe pas, CHRISTIAN VEY n’est pas un samouraï de la peinture. C’est un artiste pleinement accompli qui
au travers du mouvement, conçu comme moyen, cherche sa voie qu’il trace au jour le jour.
CHRISTIAN VEY est depuis 2006 exposé à La ANGELA KING GALLERY, à la Nouvelle-Orléans, le berceau du
jazz qui eut parmi ses enfants
KING OLIVER ET LOUIS « SATCHMO » ARMSTRONG
.
La symbiose demeure solide entre Femme, jazz et mouvement : l’un se fond dans l’autre pour éclater sur la toile
dans des accords de joie.
François L. Speranza.
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